Mon échappatoire.

Il y a certains lieux sur cette terre,  qui restent encore bien difficiles à atteindre. Le progrès à beaux y mettre tout son génie, ces endroits resteront toujours aussi imprévisibles et remplies de mystères.

Je crois que nous avons tous un souvenir vivant, de nos voyages surprenants.
Nous avons tous connu, sur le parcours de nos vies, ces trajets escarpés, parsemés d’embuches. Où le but nous semblait, à chaque pas en avant, s’éloigner. Où tous les éléments s’efforçaient,  inlassablement, à nous faire renoncer. Mais ivre de notre curiosité, nous n’avons pas pu nous arrêter.
Je parle bien sûr de nous tous, voyageurs, aventuriers, rêveurs et chercheurs obstinés de nouveauté. Je parle de ceux, qui voient dans chaque nouvelle rencontre, dans chaque nouvelle frontière, dans chaque nouvelle expérience, un pont vers une partie inexplorée de leurs existences.

 

Pour ma part, je me rappelle de tous ces sommets qui m’ont laissés admirer leur beauté.
Je me rappelle de cet amour, qui a illuminé mes nuits comme mes journées.
Je me rappelle de tous ces voyages qui m’ont, sans exception, donner tellement plus que je l’aurais espéré.
Il faut faire preuve de beaucoup d’humilité pour atteindre ces lieux égarés, pour gravir les plus beaux sommets. Et puis, bien sûre, pour aimer.
Beaucoup trop déjà,  ont abandonné !  Car focalisés par la finalité du voyage. Ils n’ont pas su profiter des enseignements que le chemin avait à leur apporter.
Il faut également, une certaine maturité pour savoir apprécier la beauté de ces instants hors du temps. Et très peu encore, y sont arrivés !
Car la beauté est discrète, libre, éphémère comme cette étoile filante dans le firmament de nos yeux amoureux.

Haïti fait bien partie de ces lieux remplie de mystères. Car une fois arrivé au bon aéroport je n’étais pas au bout de mes surprises.
Le chauffeur me dépose et je fonce vers la zone d’enregistrement Air-France. Il me restait 1h10 avant le décollage et je pensai que le plus dur appartenait au passé. Mais, je suis introuvable dans les ordinateurs des réservations, et la guichetière me dit que je dois aller voir chez Delta Airline, s’ils connaissent l’origine du problème. Je me mets donc à courir dans l’aéroport avec mon sac qui pèse une tonne à cause des livres de contes et des pots de confitures pour les enfants. Je slalom entre les gens et ils me paraissent avancer si lentement depuis que je cours après chaque minute, chaque seconde qui défile. La dame de Delta me dit que j’ai inversé mon nom et mon prénom lors de ma réservation. Je m’appel Monsieur NATAEL et ça ne correspond pas avec mon passeport. Une fois de plus, le calme des personnes contraste avec mon cœur qui bat à 100 à l’heure. La jeune fille n’a jamais eu ce cas, il faut bien une première fois à tout !
Elle appelle donc son responsable ,qui appelle sa responsable, qui appelle le responsable de l’avion et qui lui dit de m’envoyer à la porte d’embarquement pour voir avec le Marshall américain. (Son travail est de contrôler la liste des passagers d’un vol pour les Etats-Unis).Une fois arrivé devant mon avion, le marshall me pose des questions et il me dit que je dois refaire un Visa Esta en urgence autrement je ne peux pas monter dans l’avion. Problème, il me reste 10 minutes avant le décollage et je n’ai pas d’ordinateur.
Je demande donc : « Où est-ce que je peux trouver un ordinateur ? « 
La fille au guichet se lève, regarde au loin, tend le bras vers le fond du terminal et me dis tout simplement: « Là-bas il y a des postes à disposition » , avant de se réinstaller devant son ordinateur.
Je la regarde désespéré et je m’apprête à effectuer un nouveau sprint au milieu de la foule. C’est alors que j’entends son collègue lui dire : « Bah prête lui ton poste ! « 
Elle se lève et me propose son siège. Je me presse de refaire mon Visa tout en repoussant les questions des passagers qui m’ont cru en stage chez Air-France.
Je suis le dernier à prendre place dans cet immense avion qui part dans quelques instants pour New-York. J’ai vu ce vol un nombre incalculable de fois s’éloigner de moi. Une série incroyable d’événements aurait voulu me forcer à renoncer… Mais je suis bien assis dans l’avion !  Et c’est pourquoi je suis si satisfait d’être du voyage. Comme si la vie s’efforçait de me rappeler que rien n’est jamais acquis d’avance.

La vie nous réserve plein de surprises.

Laissons la nous surprendre !