Le silence de l'inconnu.
A quel moment vais-je réaliser que l’aventure Erasmus a commencé ?
Il y a quelques jours je me suis réveillé à Munich après avoir passé la soirée à boire des « mass » et à chanter en allemand, debout sur les tables de l’Oktoberfest. Il était 8h du matin et j’étais à la gare centrale de Munich, ce lieu où une semaine plus tôt des milliers d’immigrés arrivaient dans cette inconnue et commençaient une nouvelle vie . Et j’étais repartis à l’aventure, avec mon sac sur le dos, le duvet encore chaud et mes chaussures de rando. A cet instant, le sourire aux lèvres, j’espérais que pendant les 6 prochains mois ils seront nombreux les matins comme ça !

Alors voila l’aventure commence ! Il y a bientôt 4 ans, j’avais écrit ces quelques mots :
« La distance entre les pays , n’est limitée que par notre besoin d’évasion ! La différence entre les peuples , c’est notre soif d’apprendre des autres, qui l’a définie ! La grandeur de nos projets, tout est question de la grandeur de notre ambition ! Tout ça pour dire qu’il n’y a que nous pour nous mettre des limites, des différences, des barrières à nos projets ! »
Depuis le temps que j’en rêvais d’être un étudiant Eramus, pour pouvoir vivre ce en quoi j’ai toujours cru !
Une aventure Erasmus, c’est faire partie d’une grande famille de voyageurs, avec qui on peut partager notre culture et en découvrir tellement d’autres. C’est faire, des merveilleuses rencontres et puis des douloureux adieux. Et c’est l’inconnu, c’est sortir de sa zone de confort. J’aime ce petit passage de Kundera à propos de l’odyssée d’Ulysse : « A l’exploration passionnée de l’inconnu (l’aventure), il préféra l’apothéose du connu (le retour). A l’infini ( car l’aventure ne prétend jamais finir), il préféra la fin ( car le retour est la réconciliation avec la finitude de sa vie). Dans quelques mois ,je penserais au retour. Pour l’instant je voyage pour me perdre, et l’aventure ne fait que commencer.
Pourquoi ai-je ce besoin de me perdre ? Afin d’équilibrer la balance avec toutes les raisons qui me retiennent en France, j’imagine. C’est dans chaque contradiction que se trouve la subtile beauté de ce monde ! Comme le jour serait monotone sans la nuit qui l’appel. Comme l’instant présent perdrait son sens, sans l’inconnu du futur qui nous surprend. Comme voyager serait familier sans tout ce qui nous diffère les uns des autres.Tout ce qui nous emporte, qui nous transporte dans l’inconnu.
Croyez-moi je suis totalement perdu ! Faire mes courses, choisir mes cours à l’université, trouver les salles de cours, vivre avec des étudiants hypers croyants qui cherche à m’évangéliser, dire bonjour en bavarois…
C’est intéressant de vivre dans un pays ou la langue nous est inconnue. C’est un silence permanent qui accompagne nos journées. Il y a bien un bruit de fond mais il en devient encore plus assourdissant. Kundera a dit : « Il suffit de fermer les yeux pour y voir l’infini » On peut aussi ce boucher les oreilles ! Ce silence, ce vide… Il faut être patient pour être capable d’en apprécier chaque son. Et puis au fil du temps ,on apprend à lire la partition de la langue. Ce bruit, d’abord assourdissant, devient mélodieux.
Donc cette semaine j’ai pu faire la connaissance des autres étudiants Erasmus. Naturellement chacun a voulu nous faire goûter une spécialité de son pays. Alors on a eu la sangria, la sambuca, la weissbier, la caipirinha…. Erasmus here we are !!!!
