Entre Paris et New-York le 17 Juillet 2016.
C’est difficile de vous décrire l’état dans lequel je suis, à ce moment précis. Épuisé, soulagé, excité, et comme souvent, un peu égaré.
Dans les aéroports, dans les gares, dans les villes tard le soir, je m’égare. Et là, infatigable explorateur de hasards, je repars.
Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps, je n’ai pas dormi réellement. Vous savez ce sommeil profond, où l’on s’abandonne à nos rêves. Car obstiné à rêver à longueur de journée, je reste éveillé dans ma réalité.
C’est un jeu dangereux, que de vivre de telle manière. Nous, rêveurs du quotidien, ne pouvons pas échapper aux méandres de nos idées, aux lois infinies de notre imagination, qui rendent, à chaque instant, nos rêves un peu plus grands.
Ah, quelle idée j’ai eu de vouloir profiter de la nuit parisienne après 10h de voyage épuisant et à la veille de traverser l’atlantique pour la troisième fois en 15 jours.
Possédé par cette folie moderne ; qui voudrait maîtriser le temps, pouvoir le rallonger, le raccourcir, l’optimiser, le rentabiliser, l’accélérer et pouvoir tout arrêter quand je l’aurais décidé ; je me réveille après deux petites heures de sommeil.
Tourmenté par cette folie humaine, qui s’inquiète continuellement de ne pas perdre son temps, j’en oublie souvent ce pour quoi j’attends.
C’est dans un souci de rentabilité que j’ai décidé de prendre le bus pour Orly. Le temps c’est de l’argent. Le bus est moins cher mais il dure 10 minutes de plus. Nous étions nombreux à avoir choisi le bus afin d’économiser quelques euros sur nos vacances déjà « low-cost ». Dans se twister géant, j’ai sorti mon portable en essayant de ne pas déséquilibrer mes partenaires de voyage. Comme il est important d’optimiser chaque instant, j’ai regardé durant mon trajet, quel terminal était celui de mon vol. Après avoir retrouvé le mail de ma réservation, je l’ai lu 3 fois avant d’y voir bien clair. Et mes deux yeux se sont ouverts un peu plus grands, après chaque lecture. Vol 14h15 au départ de Roissy, VOL 14H15 AU DEPART DE ROISSY !!!
Donc difficile réalité d’être en direction du mauvais aéroport à moins de deux heures de mon vol pour Haïti. C’est dans ces moments-là, que je réalise que je ne rêve pas. Car si ça avait été le cas, l’histoire se serait sûrement arrêté. Je me serais réveillé, reposé et rassuré…
Après avoir pris conscience de la situation, grosse montée de stress et j’essaye de trouver une solution-miracle. J’ai d’abord pensé à remonter le temps, mais ce serait trop simple. Et puis, je crois que la vie perdrait beaucoup de son sens si nous pouvions changer le passé. C’est la nuit que l’on remonte le temps, endormis notre inconscient ne jure que pour ce qui a été.
Mais tout au long de la journée, c’est le futur qui m’importe. Et c’est d’un futur imprévisible dont je veux continuer à rêver…
Ensuite peut être demander au chauffeur d’accélérer, car je m’étais trompé d’aéroport et que je devais me rendre à l’autre bout de Paris, dans moins d’une heure. Après avoir rigolé intérieurement tout en me parlant sérieusement, il aurait pu raconter une bonne histoire à sa femme en rentrant du travail. La situation initiale serait sûrement rester inchangée.
Autant vous dire que je n’avais pas de solution miracle et que le temps, lui, continuait à filer.
C’est dans ces moments que la vie me surprend, ces moments où elle ne me laisse plus le choix de prévoir, de calculer, d’anticiper. Je dois me laisser guider par chaque opportunité et me lancer.
Je me jette sur le premier chauffeur de taxi que j’aperçois, et je lui demande, en paniquant, combien de temps il faut pour aller à Roissy. Il est beaucoup plus détendu que moi et me répond sans vraiment me répondre : « C’est assez rapide… »
Quoi qu’il arrive je suis déjà installé à l’arrière, et il n’y avait plus grand-chose à faire !
Le chauffeur engage la discussion et il me demande où se rend l’avion que je vais prendre dans 2 heures ? Je lui explique que je vais à Haïti. Il se retourne, me regarde l’air un peu surpris, et me répond : « Vraiment ?! Mais je suis Haïtien !!!! » .
Il a fallu un nombre incalculable, d’imprévus, d’erreurs, de hasards, de coïncidence, pour que je rencontre le premier Haïtien de ma vie.
Je ne pensais pas le rencontrer si tôt !
Natael
English :
The tireless dreamer !
Between Paris and New-york, July 17th 2016.
It’s difficult to describe how I’m feeling at this moment. Exhausted, relieved, excited, and as often, a little bit lost.
In airports, in stations, in cities late at night, I’m loosing myself.
And there, tireless explorer of the unknown, I’m leaving.
I do not really know since how long, I didn’t really sleep. You know this deep sleep, where we surrender to our dreams. As a stubborn dreamer all day long, I lie awake in my reality. This is such a dangerous game, to live in this way. For us, the daily dreamers, we can’t escape the maze of our ideas, of our endless imagination, that makes at everytime our dreams bigger.
Ah, what idea I had of wanting to enjoy the Parisian night after 10 hours of grueling journey and just before crossing the Atlantic for the third time in 15 days.
Lost by this modern folly; who want to control the time, to lengthen it, shorten it, optimize it, monetize it, accelerate it and to stop everything if I had decided; I wake up after two short hours of sleep.
Tormented by this human folly, who worries constantly not to waste time, I often forget that: what am I waiting for?
This is for the sake of profitability that I decided to take the bus to Orly. Time is money. The bus is cheaper but it takes 10 minutes longer. Many of us have chosen the shuttle to save a few euros on our already « low cost » vacation. In this giant « twister », I took out my mobile trying not to unbalance my travel partners.
Since it is important to optimize every moment, I watched during my trip, what was the Terminal of my flight. After finding my reservation email, I read it 3 times to be sure. And my both eyes were opened a little bigger after each reading.
2:15 p.m. flight from Roissy, 2:15 p.m. FLIGHT FROM ROISSY !!!
Difficult reality to be towards the wrong airport two hours before my flight to Haiti. It is in these moments, I realized that I am not dreaming. Because if that was the case, this story would surely ending. I would woke up, refreshed and reassured …
After realizing the situation, big stress by trying to find a miracle solution.
I first thought of turning back the clock, but that would be too simple. And I believe that life would lose much of its meaning if we could change the past.
It’s at night that we turn back the time, in deep sleep our unconscious swears only for what was.
But throughout the day, it’s our future that matters to me. And it’s our unpredictable future which I want to keep dreaming …
Then I thought to ask the driver to speed up. Because I was going to the wrong airport and I had to go to the other side of Paris, in less than an hour.
After giggled internally while talking to me seriously, he could had a good story for his wife, came home from work. The initial situation would probably remain unchanged.
I had not solved the problem yet, and time was still flying away.
It is in these times that life surprises me the most, those moments when she leaves me no choice, no plan, no solution, no evidence instead of I must follow each opportunity and act.
I throw myself on the first taxi I see, and I asked, panicking, how long it takes to go to Roissy. It is much more relaxed than me that the driver replied : « It’s pretty quick … »
Whatever I’m already seated at the back, and there was nothing much to do!
The driver started the discussion and asked me where goes the plane that I will take in two hours? I explain that I’m going to Haiti . He turns around, looks at me, looked a little surprised and replied: « Really? But I’m Haitian !!!! « . It took countless, unplanned, mistakes, accidents, coincidence, for me to meet the first Haitian of my life.
I did not expected to meet him so early !
Natael